Lieusaint : ils ont créé deux raquettes de ping-pong pour joueurs handicapés

Les élèves ingénieurs de l’Icam ont planché sur une raquette à 360 degrés et une double raquette pour les joueurs handicapés de tennis de table.

 Les élèves ingénieurs de l'Icam ont réalisé une raquette pour les joueurs handicapés. A gauche sur les deux photos, Jérôme Verwaerde, avec le pull gris Steeve De Pina Varela, avec le pull bleu, Ronan Coueraud et Marie Dabas.
Les élèves ingénieurs de l'Icam ont réalisé une raquette pour les joueurs handicapés. A gauche sur les deux photos, Jérôme Verwaerde, avec le pull gris Steeve De Pina Varela, avec le pull bleu, Ronan Coueraud et Marie Dabas. Icam

    Revers, coupé et roulette n'ont plus de secret pour eux. Jérôme Verwaerde, Marie Dabas, Ronan Coueraud et Steeve De Pina Varela, quatre élèves ingénieurs à l'Institut catholique d'arts et métiers (Icam) de Paris-Sénart à Lieusaint, ont créé les premiers prototypes de raquettes de tennis de table adaptées.

    Pour répondre à la demande de leur client, le Comité départemental de tennis de table de l'Essonne (CDTT91) et le Cluster Grand Paris Sport, les étudiants en deuxième année de Master ont retenu deux modèles pour couvrir « 95 % du public en situation de handicap », victime d'amputations, de malformations, d'atrophies musculaires ou de difficultés de préemption.

    « L'idée était de proposer un système pour que les joueurs en situation de handicap puissent se remettre au tennis de table. Un kiné nous a permis de réduire le spectre des pathologiques », explique Jérôme. Ces raquettes s'adressent aussi aux centres de rééducation, aux maisons de retraite ou aux grands débutants.

    Les élèves ingénieurs de l'Icam à Lieusaint ont travaillé sur une raquette à 360 degrés. Icam
    Les élèves ingénieurs de l'Icam à Lieusaint ont travaillé sur une raquette à 360 degrés. Icam Icam

    La CDTT91 avait dans un premier temps répondu à un appel à projets du Centre national pour le développement du sport - plan héritage et société, dans la perspective des Jeux olympiques 2024. « Nous aimerions que ces raquettes entrent dans les mœurs en vue des Jeux olympiques », espèrent les étudiants.

    Curieusement, même si le tennis de table handisport se pratique depuis de nombreuses années, aucune raquette adaptée n'existait. « La raquette est généralement fixée sur la main. C'est très serré, peu confortable et cela prend du temps à la mettre en place », arguent les étudiants.

    Une raquette à 360 degrés montée sur rotule

    Le premier projet, une raquette à 360 degrés pourvue d'un système de rotule, permet d'orienter facilement la palette de la raquette - la partie avec laquelle on frappe la balle - et ainsi de l'aligner avec l'avant-bras. « Elle conserve l'esprit de la raquette de tennis de table traditionnelle et cible les personnes ayant un problème au niveau du poignet », présente Jérôme.

    L'étudiant n'avait pratiqué le tennis de table qu'en vacances et a découvert le monde du handisport. « Nous sommes partis de l'idée d'une rotule de GPS, que nous avons reproduite avec de la conception 3D, une imprimante 3D et de la découpe laser. Nous l'avons insérée entre le manche et la partie où l'on tape », décrit-il.

    « Au cours de leur dernière année, les étudiants réalisent six mois de stage et six mois de prestation pour un client. Ils doivent traduire la demande du client en exigences techniques. Et revoient des techniques abordées et se spécialisent. Ils sont accompagnés par des étudiants chercheurs », précise Romain Rebollo, chef de projet pour l'Icam Paris Sénart dans le service entreprises.

    Le prototype, remis au CDTT 91, a été approuvé par des kinésithérapeutes et des personnes en situation de handicap. Le système est actuellement optimisé par d'autres étudiants de l'école « en vue d'une véritable commercialisation ». « C'est un projet gratifiant », appuie Jérôme.

    Une double raquette avec des scratchs

    Second projet élaboré par les étudiants : une double raquette, destinée cette fois aux victimes de malformations ou d'amputation. « La raquette s'enfile comme un gant en trente secondes. Elle se fixe quelle que soit la forme de l'avant-bras », souligne Marie.

    Le prototype de double raquette. Icam
    Le prototype de double raquette. Icam Icam

    « Nous avons pris une attelle classique mais nous l'avons modifiée en ajoutant du scratch. Les deux palettes sont fixées dessus, reprend la jeune femme, spécialisée en ingénierie de la santé. J'ai découvert un sport très peu connu, ses règles et ses compétitions. J'étais déjà sensibilisée au milieu du handisport car sa maman a du mal à se déplacer, donc indirectement j'ai travaillé pour elle ».

    Dans un premier temps, leur objectif n'était pas de créer une raquette pour la compétition. « Ce qui actuellement pourrait poser problème, c'est la réglementation handisport car les palettes ont été modifiées. Les dimensions, le bois et le revêtement des palettes sont différents. On peut espérer que la réglementation évoluera avec l'arrivée de ces deux nouveaux produits », sourient les étudiants.